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Pourriez-vous m’indiquer la place qu’occupent la conception et la construction dans la vision globale de NEOM et dans la réussite de son projet ?
NEOM sera constitué d’une série d’économies qui reproduiront celles de tout État de grande échelle. Il y règnera un besoin permanent de conception et de construction. Il y aura aussi l’Arabie Saoudite et les économies voisines du Moyen-Orient. Nous avons donc l’occasion, en tant que plus grande entreprise de construction au monde, de créer et d’investir dans les technologies futures et dans un écosystème qui peut fournir des capacités à la région et au reste du monde. Nous devons rechercher l’innovation dans chaque aspect du projet et la développer en économie, afin que NEOM ait un impact local, régional et mondial. Ces innovations concernent la numérisation, l’amélioration du climat, les avantages pour la société et toutes les aspirations fondamentales liées à la vision de la NEOM. Ce que nous faisons est absolument indispensable à la réalisation et à la réussite du projet. La complexité et la vitesse à laquelle nous essayons de tout construire, qu’il s’agisse de l’aménagement portuaire ou des actifs à grande échelle comme THE LINE ou Trojena, signifient que nous ne pouvons pas travailler de manière conventionnelle. Le temps, la géographie et l’emplacement signifient que nous devons aller au-delà des approches conventionnelles et innover pour tenir nos engagements, et transformer la chaîne d’approvisionnement et adapter les développements majeurs que le monde a déjà générés, qu’il s’agisse de conception numérique, de construction industrialisée, d’engagements environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), de décarbonisation des matériaux et de gestion numérique du cycle de vie complet.
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Quelles sont les premières mondiales sur lesquelles votre équipe travaille ?
Nous allons premièrement mettre en place le meilleur processus de construction au monde. Ce processus sera fondé sur des méthodes de logistique et de production que le monde utilise de façon fragmentée, mais qui n’ont jamais été réunies. Deuxièmement, nous allons créer un écosystème industriel qui va au-delà de la construction de NEOM. Lorsque nous dépasserons le pic de la construction, notre capacité sera partagée avec la région. Ainsi, pour les habitants d’Arabie saoudite et tous les autres qui nous rejoindront, cette industrie deviendra une opportunité intergénérationnelle de travail et de compétences. La réalisation de ces projets a vu la formation de clusters sectoriels. Aucun cluster n’est jamais devenu une industrie à part entière. Ce sera une première mondiale. Par ailleurs, il y aura de nombreux bonds technologiques. Nous appliquons les méthodes utilisées dans la création des jeux et du prototypage pour développer les spécifications des utilisateurs. Nous créons un environnement de simulation pour les produits immobiliers et une technologie de jumelage numérique qui sous-tendra la première chaîne d’approvisionnement véritablement numérique. Nous cherchons également à introduire autant d’autonomie que possible dans le système des équipements de construction. Nous allons décarboniser le processus de fabrication du ciment et utiliser des matériaux de remplacement du ciment. Nous allons également élever la formation et le bien-être des employés à des niveaux reconnus à l’échelle mondiale. Le projet NEOM a pour ambition de créer une économie future avec des niveaux d’équité beaucoup plus élevés pour les employés. La technologie peut contribuer à l’efficacité, aux compétences, à la carrière et même au bien-être des employés. L’une de nos premières mondiales sera de développer une formation et une certification reconnues au niveau international.
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L’objectif du bien-être des employés et de l’habitabilité pour tous est ambitieux. Pensez-vous que le modèle innovant de NEOM sera suivi par d’autres nations ?
Le concept d’égalité des chances signifie que chacun part du même point, indépendamment de son origine, et a les mêmes chances économiques quel que soit son contexte. Si tel est notre objectif final, alors tout doit être au service de cet objectif. C’est pourquoi il est si important de transformer le bien-être et les compétences des employés. Dans notre vision du monde, la main-d’œuvre non qualifiée n’existe pas. Chaque employé doit avoir la possibilité de développer des compétences qui sont certifiées à chaque niveau. Les employés ayant des certifications de niveau plus élevé ont plus de valeur car ils sont plus productifs. Ils sont également plus sûrs. Ces certifications contribuent non seulement à la diminution du nombre d’accidents, mais aussi à l’examen des quasi-accidents en tant qu’opportunités de formation. Les gens peuvent arriver à NEOM sans compétences, mais grâce à notre transformation, ils deviennent plus utiles pour eux-mêmes et leur famille. Ces bienfaits s’appliquent à la main-d’œuvre nationale et aux nombreux employés que nous accueillerons en provenance d’autres régions. Ils reviendront en bonne santé, riches en compétences recherchées. La certification que nous utiliserons sera reconnue au niveau international. Il s’agit bien plus que d’éviter les accidents mortels. Il s’agit d’améliorer la valeur de l’être humain. Et oui, lorsque les autres nations verront ce genre de progrès, elles voudront faire partie du mouvement.
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NEOM a pour ambition de créer des villes cognitives optimales. Pourriez-vous nous expliquer ce que cela signifie et comment c’est possible ?
Lorsque nous parlons de systèmes urbains, nous parlons de toutes les choses qui nous entourent et dont nous sommes conscients, qu’il s’agisse de la billetterie des transports publics ou de cartes qui aident à localiser des lieux. Une ville, c’est aussi tout ce dont nous ne sommes pas physiquement conscients. Il n’existe pratiquement rien, aucun appareil ni aucune plateforme, qui traite de l’empathie et de vos sensations lorsque vous vous déplacez dans une ville. Les villes cognitives aident à combler le fossé entre les émotions humaines et les actifs qui existent dans un lieu dans le but d’enrichir notre environnement. Cela couvre plusieurs domaines, notamment le climat, la mobilité et le social. Une ville cognitive suit le flux et le reflux des émotions et rend l’expérience de la présence dans un lieu moins anxiogène. Un autre grand problème est celui de la confiance. Notre confiance dans la façon dont une ville utilise nos données s’est brisée en raison des fins commerciales de l’utilisation de ces données ces dernières années. Nous voulons surmonter ce problème en mettant en place une structure de confiance pour le partage des données.
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L’union durabilité, circularité et habitabilité a tout pour être une combinaison gagnante. En quelques mots, pouvez-vous expliquer comment ça se passera sur le terrain ?
Nous construisons un projet gigantesque. Nous devons donc nous assurer de prioriser la minimisation des conséquences involontaires. La plupart des actifs d’une ville ont une durée de vie comprise entre 15 et 50 ans. Mais pour être en mesure de répondre aux engagements ESG à grande échelle, il faut être en mesure de prototyper, de concevoir et de construire une société sans gaspillage de temps ou de matériaux. Tout peut être conçu dans l’optique d’une économie circulaire, où il n’y a pas de déchets, seulement des ressources. Nous ne devons rien perdre, tout doit être réutilisé. Cette obsession de ne rien gaspiller et de créer le moins de dégâts possible doit être au cœur des ambitions de NEOM. Tout le monde doit faire partie d’un environnement de régénération et de re-création. On peut appliquer cela à l’énergie, aux plastiques et à tous les matériaux. Nos méthodologies de conception et de construction auront recours à ces principes comme point de départ. La conception et la construction sont les domaines où nous appliquons ces principes, où nous transposons notre apprentissage au-delà de NEOM. C’est là tout l’intérêt de ce secteur.
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Comment la conception numérique et la pensée transformationnelle seront-elles utilisées et que vous permettront-elles de réaliser au moyen des éléments « Internet des objets » tels que les capteurs intelligents ?
Il s’agit d’un modèle complet de jumelage numérique qui nous permet de réaliser un prototype avant de construire quoi que ce soit. Ainsi, tout fabricant peut intégrer sa technologie dans notre modèle et nous pouvons simuler les avantages et les compromis de ces solutions et itérer pour optimiser la conception. Le prototypage numérique, d’un simple luminaire ou d’une nouvelle section d’hôtel, nous permet de tester dans une simulation et, grâce à ces tests, nous pouvons ensuite envisager la fabrication et la réapplication à grande échelle. C’est ce que nous devons faire pour aller plus vite, car nous sommes dans un jeu de chaîne d’approvisionnement.
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Quelles nouvelles opportunités de croissance se présentent grâce aux approches de construction modulaire hors site et respectueuses du climat ?
Bien que l’industrie de la construction se soit modernisée, elle réagit et fonctionne toujours en mode discontinu, où chaque projet est réalisé sur mesure. Chaque projet est divisé en sous-projets discrets qui ont leurs propres caractéristiques de démarrage et d’arrêt. D’autres industries ont développé des processus de fabrication en continu. Chaque voiture qui sort d’une chaîne de montage est différente des autres à des centaines d’égards, mais elle est fabriquée dans un environnement continu. Si nous pouvons convertir ce qui est actuellement un processus de construction sur mesure en quelque chose qui est beaucoup plus productif et continu, alors nous pouvons commencer à améliorer les choses, à la fois ici à NEOM, dans la région et pour les participants de notre écosystème dans leur pays d’origine. Nous pouvons utiliser cette même approche de la personnalisation de masse lorsque nous créons des actifs et des biens immobiliers au moyen de prototypes virtuels, et configurer la chaîne d’approvisionnement pour qu’elle fonctionne en continu. Cela signifie que le client et le produit final sont placés côte à côte. Le secteur de la construction doit désapprendre ses méthodes traditionnelles pour pouvoir travailler de cette manière. Il y a donc des possibilités de changer cette relation avec le client de manière transformatrice. Le secteur a tendance à dissocier la conception des défis de la logistique et de la construction. Nous avons besoin que la logistique, la production et la construction continue soient inextricablement liées. NEOM fournit l’échelle nécessaire pour rendre cette intégration possible, car nous sommes en fait un gouvernement. Nous disposons de l’autorité statutaire et de l’envergure nécessaires pour effectuer ce changement.
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Parlez-nous du Campus d’innovation en matière de conception et de construction et de ses ambitions.
L’avenir très réel dont nous parlons n’a aucune valeur si nous ne pouvons pas créer la passerelle qui nous y amène, à savoir la formation et le développement des compétences, la certification, la validation et l’engagement. En matière de formation, d’opportunités et de carrières, nous devons prouver ces hypothèses afin de pouvoir les faire progresser et les étendre. Notre campus d’innovation est là pour ça. Nous prototyperons des équipements, nous les connecterons de manière autonome et nous formerons les gens à les utiliser en utilisant des méthodes virtuelles et réelles. Notre campus sera également axé sur l’environnement numérique, les centres de contrôle pour la personnalisation de masse, les meilleures pratiques de gestion de la chaîne d’approvisionnement, l’impression en 3D, la robotique avancée, etc. L’innovation ne suffit pas. Il faut aussi des applications à grande échelle. De nombreuses cultures viendront et travailleront ensemble pour construire NEOM et d’autres projets dans la région. Le développement de nos compétences permettra de relever de nouvelles façons les défis linguistiques et culturels qui sont familiers à la région. Nos équipes collaboreront, mais de plus en plus, elles travailleront également avec d’autres présences intelligentes sur le site. Des robots de toutes sortes, des outils qui ont leur propre intelligence. NEOM a la possibilité de développer ce que le monde connaît déjà. Nous allons bien sûr inventer des technologies et des méthodes, mais la grande majorité de nos activités consistera à intégrer et à mettre à l’échelle des éléments intelligents existants.
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Comment Oxagon, la ville industrielle repensée de NEOM, contribuera-t-elle à révolutionner le processus de la chaîne portuaire et d’approvisionnement dans la région et au-delà ?
Ce sera un pôle de production comme l’est Seattle pour Boeing. L’installation portuaire, la fabrication intégrée et la logistique, toutes soutenues par les économies émergentes basées sur l’hydrogène, seront représentatives de notre approche globale. NEOM existe pour éliminer le concept de déchets. Il ne devrait y avoir aucun déchet, seulement des ressources dans une économie circulaire. Nous pouvons examiner chaque sous-produit de la chaîne d’approvisionnement de NEOM et voir ce que nous pouvons en tirer pour la construction. C’est une énorme opportunité de changer la façon de faire les choses.
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Et comment voyez-vous d’autres projets NEOM de premier plan, comme THE LINE et Trojena, changer les normes de l’industrie mondiale ?
NEOM aura tous les types d’actifs - écoles, universités, hôpitaux et autres infrastructures - afin que nous puissions tout tester pour comprendre et régulariser. Trojena, par exemple, concerne la construction dans des conditions extrêmement difficiles, c’est-à-dire le processus de démolition, la logistique du transport et l’impact minimal sur le site de la montagne. THE LINE, en revanche, est un problème de vitesse, à savoir à quelle vitesse nous pouvons nous déplacer de l’usine au bâtiment. Les projets d’archipel visent à minimiser l’impact sur l’environnement. Quant à Oxagon, il s’agit d’une ville flottante qui peut être reconfigurée. Nous avons l’ensemble des critères et priorités que vous pouvez imaginer pour nos projets et l’analyse de rentabilité de chacun d’entre eux est fondamentalement différente. L’idée de la conception numérique est que vous transformez tout en paramètre et que vous l’optimisez avec l’apport des parties prenantes. Il s’agit pour nous d’une formidable occasion de faire nos preuves en raison de l’éventail des possibilités. C’est pourquoi ce travail est le meilleur au monde.
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Parlez-nous de la technologie du jumelage numérique que vous allez utiliser et comment cette technologie s’applique aux projets sur lesquels vous travaillez.
Notre objectif final idéal est de disposer d’un objet numérique complet à l’échelle avant de commencer sa construction, afin que nous puissions réaliser un prototype, le valider et le certifier. Nous pouvons ensuite convertir cet objet numérique en cas d’utilisation et en marché de données. Nous n’achetons alors pas sur la base de spécifications, mais sur la base de la capacité du fournisseur à démontrer dans notre modèle numérique qu’il peut améliorer ce que nous avons déjà. En général, la livraison de projets de construction entraîne de nombreuses frictions. Un environnement de jumelage numérique et de marché de données peut les éliminer. L’utilisation partagée des données permet de diviser le travail en petits modules qui peuvent être exécutés dans un flux continu. Cela semble si évident, n’est-ce pas, alors pourquoi personne ne l’a fait avant ? Nous adoptons un modèle qui exige la collaboration de tous : le partage des produits de données selon des modalités convenues, sous contrat électronique, pour le bien commun. Le secteur de la conception et de la construction n’a pas fonctionné de cette manière. Notre modèle fournira des incitations économiques au partage de données fiables dans le cadre d’un processus de collaboration. Pour aller de l’avant, le seul moyen est le changement induit par de telles plateformes de collaboration, et le financement de jeunes entreprises qui adhèrent à cette approche. Nous devons construire, tester et éprouver les plateformes de partage de données de jumelage numérique afin que les simulations nous permettent de contrôler et de suivre les performances. Cela peut relier tous les points.
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NEOM vise à être neutre en carbone d’ici 2030. Les batteries électriques, la technologie des piles à combustible et le ciment vert suffiront-ils pour y parvenir ?
Ils y contribuent tous. Cette conversation comprend trois aspects. Le carbone incorporé, le carbone opérationnel et le carbone réutilisé. Il n’existe pas de systèmes qui prennent en compte tous ces aspects. Cependant, si vous créez des outils numériques et des simulations qui peuvent mesurer l’atteinte des objectifs, vous pouvez alors commencer à décortiquer certains de ces éléments et voir ce qui est important. En fait, je ne pense pas qu’un taux net de zéro soit suffisant. Je pense que nous devons être net-régénérateur, de sorte que 95 % de notre patrimoine soit une ressource régénératrice et que nous n’ayons pas à compenser par des crédits carbone en allant planter des choses ailleurs dans le monde. La durabilité doit être présente dans tout ce que nous faisons, elle fait partie du tableau. Comment pouvons-nous être plus efficaces dans l’utilisation des installations et des machines ou des produits de remplacement du ciment ? Nous devons également déterminer les éléments monétisables et les domaines où les changements les plus importants auront lieu. Car nous devons ensuite construire un environnement attrayant pour les jeunes adultes et les familles de toutes les cultures. Il y a une génération de personnes qui pensent que c’est leur mission de résoudre les problèmes qu’ils ont créés, mais cela doit être géré dans une conversation commerciale. C’est le plus grand projet de recherche appliquée au monde, avec une obligation de rendre des comptes. Nous créons l’économie de demain et nous devons nous rappeler que NEOM s’adresse à la prochaine génération.
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Vous lancez cette année un essai de véhicule de construction à émissions nulles. Pouvez-vous nous donner quelques détails à ce sujet, s’il vous plaît ?
Nous avons d’énormes besoins en équipements pour le projet, tant en termes d’ampleur de l’activité de construction que de réduction de l’impact. Il est possible de combiner les leçons que nous avons observées en matière de productivité et d’autonomie des machines dans des secteurs tels que l’exploitation minière, avec notre expérience en matière de mobilité et de logistique acquise dans le cadre de nos propres activités. Si l’on ajoute à cela la volonté de NEOM de produire de l’hydrogène, on peut voir la convergence des opportunités. Échelle, efficacité et planète. Par exemple, l’hydrogène dans les véhicules fonctionne mieux à l’échelle. La construction à zéro émission nous offre un objectif ambitieux pour tenter de réunir ces trois domaines technologiques. Pourquoi ? Parce que nous devons aller beaucoup plus vite que ce que le secteur permet actuellement. Notre projet pilote lance le défi aux fabricants et aux opérateurs afin de nous permettre de tester cette promesse. Nous disposons de données réelles et synthétiques sur les gains d’efficacité que nous pouvons réaliser et sur les réductions d’émissions que nous pouvons obtenir - à la fois avec les machines existantes et avec les nouveaux équipements qui doivent encore être fabriqués. Notre pilote, ainsi que l’évolution vers les simulateurs et autres équipements de formation, sont nos moyens d’accélérer les progrès. En fin de compte, si nous disposons de la flotte la plus verte et la plus efficace pour travailler sur notre projet, nous pourrons, lorsque notre demande diminuera, exporter ces compétences et les équipements pour travailler dans le monde entier.
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Qu’en est-il des machines lourdes utilisées pour la conception et la construction ? Seront-elles automatisées et gérées par l’intelligence artificielle de NEOM au fil du temps ?
En partant de zéro, il est beaucoup plus facile de concevoir à des fins d’intégration, car il est inutile de procéder à des modifications. Cela signifie que nous pouvons développer et tester des approches de processus complètement différentes, puis concevoir des équipements pour être à leur service. Imaginez une série de bâtiments verticaux comme une chaîne de production d’usine, où la chaîne de production se déplace vers le travail plutôt que le travail se déplace à travers la chaîne de production. C’est cet état d’esprit qui nous permet de tester toutes sortes de choses, depuis le bracelet de l’un de nos opérateurs jusqu’au portique de la taille d’un bâtiment. Il en va de même pour nos approches de l’approvisionnement, depuis le clinker qui sert à fabriquer le ciment jusqu’à la façon dont les matériaux sont mélangés pour le consommateur ou pour l’introduction de l’impression 3D, par exemple.
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Pouvez-vous définir des attentes pour le secteur à ce stade précoce ? Où vous situez-vous dans le spectre entre la recherche de vendeurs et d’investisseurs ? Et que doivent faire les parties intéressées ?
Nous sommes au tout début d’une courbe en S. Les dix premières années sont essentiellement consacrées à la conception et à la construction. Une fois que nous aurons passé le pic d’activité, la capacité de l’écosystème sera à la disposition du marché et du reste du monde. Cette capacité est là pour l’usage de chaque participant. L’investissement ici, qu’il s’agisse de personnes, de technologies ou de capitaux, consiste donc à faire partie du plus grand écosystème sectoriel de la planète. Nous sommes ouverts à tous les participants qui souhaitent collaborer et travailler à grande vitesse. Faire et apprendre en même temps. Et, surtout, des participants qui se voient faire partie de cet écosystème, travailler avec nous et participer à la croissance de cette région.
C'est la raison pour laquelle nous développons un écosystème collaboratif. Les rôles sont nombreux. Certaines personnes seront là pour vendre. D’autres pour contribuer - talent, propriété intellectuelle, créativité - au développement d’une participation à l’écosystème. D’autres pour investir, renforcer les capacités dans le pays. Tous ces modèles sont les bienvenus.
Pour y parvenir, nous créons un processus d’engagement transparent, un peu comme un processus de développement de logiciels. Il y aura des moyens de s’engager et de maintenir une présence, d’apporter des idées et des propositions, de répondre aux besoins. À ce stade précoce, nous signalons nos intentions et notre ouverture à ceux qui sont prêts à investir pour en apprendre davantage sur NEOM.
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Quel est le rôle de la confiance dans le développement de l’écosystème de la conception et de la construction ?
NEOM est un accélérateur du progrès humain. La confiance dans le secteur de la construction est un multiplicateur de productivité. Lorsque la confiance règne, la collaboration est plus facile à mettre en place et le secteur bénéficie de conditions de concurrence équitables. Les employés ne sont pas exploités, la qualité n’est jamais compromise et la productivité est gagnée, et non perdue. C’est pourquoi nous envisageons que les mécanismes de confiance soient au cœur de notre action. Il ne s’agit pas d’un vague espoir, mais d’une réalité. Les entreprises participantes disposeront de mécanismes permettant de s’assurer qu’elles sont toutes en conformité avec les réglementations et les taxes. Les compétences des travailleurs seront certifiées et leur identité vérifiée. Ils auront tous sur eux des superordinateurs avec vérification biométrique pour accéder aux sites et aux équipements. Nous utiliserons au maximum la technologie des téléphones portables pour améliorer la confiance au niveau humain. La collaboration ne sera pas efficace sans le partage de données de confiance. Nous utiliserons des mécanismes pour contrôler la qualité, vérifier et protéger les droits dans les environnements de partage de données. Et nous adopterons des normes mondiales qui protègent la vie privée. Pour nous, le contrôle de la vie privée fera partie intégrante de nos perspectives en matière de données, et ne sera pas un ajout. La confiance est un ensemble de facteurs techniques, commerciaux, juridiques et éthiques. Nous sécuriserons la valeur à tous les niveaux de la chaîne de confiance.
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Quel est le calendrier pour la réalisation de vos ambitions et objectifs en matière de conception et de construction ?
Nous construisons un écosystème et une économie et nous nous imposerons de manière significative à l’échelle régionale et mondiale lorsque les exigences de NEOM commenceront à dépasser l’empressement initial à respecter le calendrier. Toutes nos capacités initiales en matière de conception et de construction sont consacrées à la réalisation du projet, en raison des défis que nous devons relever. Mais à mesure que la demande à NEOM diminue, nous avons la capacité de répondre à toutes les autres opportunités qui se présentent à nous. Donc, quand nous arriverons à la fin de cette phase, notre capacité de conception numérique s’étendra. Il en va de même pour les éléments initiaux de la construction, pour nos chaînes d’approvisionnement en matériaux et pour les véhicules. NEOM crée le dossier d’investissement, tout ce qui se trouve au-delà est le dossier commercial. Et nous avons besoin de partenaires pour collaborer avec nous, pour travailler avec nous, pour investir avec nous, dans chaque aspect de la chaîne d'approvisionnement - de la conception à l’occupation et à la réutilisation. Notre plus grand défi est de motiver l’industrie à voir cette opportunité à long terme et nous l’acceptons volontiers.
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Que voulez-vous léguer aux générations futures ?
Nous devons créer une véritable dynamique car les constructeurs et les créateurs de la jeune génération ont besoin d’un vecteur pour leur propre créativité et leur énergie. Qui n’aime pas les Lego ou Minecraft, ou toute forme d’activité de construction. C’est presque la première chose que nous apprenons à faire, avant même de marcher. Notre legs, car il y en aura un, est donc d’accéder à tout ce potentiel, qui est toujours plus axé sur la technologie. Et, bien sûr, de faire de notre secteur l’un des plus responsables, des plus attrayants et des plus efficaces pour tous ceux qui construisent des villes. Ce n’est pas compliqué. Nous devons également trouver des endroits où les gens peuvent trouver un but et où ils peuvent accéder à l’économie, à l’environnement et à la société de façon égale. NEOM offre cette opportunité et nous ne pouvons pas la gaspiller.
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Les gens ont-ils des idées reçues au sujet de NEOM ?
Malgré ce que certains pensent, NEOM n’est pas seulement une ville, un bâtiment, un projet de construction ou un désert. NEOM sera une région avec ses propres villes, sa gouvernance et ses économies. NEOM est aussi une idée, l’idée que la société équitable dont l’humanité a toujours rêvé peut être créée. Pour y parvenir, beaucoup de domaines interviennent ici. Certains d’entre eux sont basés sur le capital, mais beaucoup d’autres se situent dans l’alimentation, l’océanographie, les médias, le patrimoine, etc. C’est un projet très large. Et NEOM est situé dans l’un des paysages naturels les plus étonnants et les plus intacts accessibles à l’homme. On y trouve une grande richesse de culture transmise au cours des millénaires, c’est un endroit que vous devez explorer. Lorsque vous le faites, vous tombez amoureux de l’étendue des paysages, de l’obscurité du ciel nocturne, du calme des montagnes. Ce pays ne ressemble à aucun autre que j’ai visité.
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Comment se passe la vie de tous les jours dans la communauté NEOM en ce moment ?
La communauté de planification et de construction de NEOM est fascinante : une population extrêmement diverse en termes d’âge, d’attitudes et de style de vie. Nous venons d’horizons très différents, et nous sommes réunis autour de cette mission unique et précieuse. La vie quotidienne change chaque jour. Les gens commencent avec plus de confiance à vivre une vie équilibrée. C’est une communauté en pleine expansion, avec des randonnées, du vélo et toutes les activités marines que l’on peut imaginer ici. C’est une évolution continue. Nous apportons tous nos préjugés avec nous, comme dans toute société, et d’une manière ou d’une autre, nous parvenons à tout résoudre. Je n’ai jamais été autant mis au défi et soutenu par les gens qui m’entourent, et c’est très satisfaisant, tant sur le plan personnel que professionnel. Et nous allons continuer à nous développer très rapidement, ce qui est toujours intéressant.
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À titre d’information, pouvez-vous nous en dire plus sur votre propre profil et votre carrière ?
J’ai eu la chance inouïe de pouvoir travailler avec toute une série de clients visionnaires, dont le Burj Al Arab, le Bahrain World Trade Center, The Wave à Oman, l’aéroport de Bakou, la centrale électrique de Battersea à Londres, les stations emblématiques du métro de Riyad, ainsi que le nouveau stade de Tottenham Hotspur et le Musée du futur à Dubaï. J’ai connu un parcours incroyable avec une équipe extrêmement talentueuse chez Atkins et Buro Happold, deux des meilleurs du secteur pour les grands projets et pour la conception de niche. Aujourd’hui, le métaverse offre des possibilités de mise à l’échelle, de prototypage et de jumeaux numériques. Nous sommes donc à l’aube de la plus grande révolution industrielle depuis des décennies. Toutes mes expériences m’ont préparé à cette opportunité. C’est pourquoi j’ai rejoint NEOM, le projet le plus fascinant de ce siècle, avec la vision la plus ambitieuse et l’accès aux ressources dont nous avons besoin. Je suis arrivé dans la région en 1994. J’ai travaillé dans tous les marchés du Moyen-Orient et j’ai vu la transformation en action. L’Arabie saoudite possède le tissu social le plus complexe, les personnes les plus authentiques et le plus grand désir de changement de toutes les nations dans lesquelles j’ai travaillé. C’est pourquoi je suis ici. Parce que ce projet me met au défi, qu’il s’appuie sur mon expérience et qu’il m’oblige à prêter attention à toutes les dynamiques. De plus, je travaille avec certaines des personnes les plus inventives au monde pour construire une économie et une société qui ont un sens sur le plan commercial. C’est certainement le meilleur emploi au monde.